Culture

Stanko, ballade avec un virtuose

Tomasz Stanko, jazzman compositeur, improvisateur et trompettiste, naquit en 1942 à Rzeszow dans le sud-est de la Pologne. Dans sa jeunesse, il multiplia les expériences artistiques et musicalesentre dessin et peinture, piano et violon. En 1958, lui vint une révélation lors d’un concert de Dave Brubeck au club Rotunda de Cracovie.

Après 1956, avec le relâchement politique et la fin du monopole du réalisme socialiste, le jazz s’était institutionnalisé. Les autorités communistes polonaises l’avait inclus dans le cadre de leur politique culturelle. Certes, le régime contrôlait strictement la communauté. Il accordait ou refusait des subventions, des bourses, des passeports ou des appartements. Mais l’idée du jazz en tant que musique étrangère rebelle face à une dictature était bien vivante. L’accueil d’artistes internationaux était aussi un moyen de maintenir un contact avec le monde libre.

Tomasz Stanko
Tomasz Stańko

Tomasz Stanko Quintet

Stanko commença des études de trompette à l’Académie de Musique de Cracovie en 1964. Influencé par les icônes Miles Davis et Chet Baker, il devint un maître dans l’art de la ballade.

Dans les années 1970, à la suite de Ornette Coleman et Don Cherry, son groupe Tomasz Stanko Quintet entra à l’avant-garde du free jazz européen. Le trompettiste au style mélancolique slave fut invité par les festivals les plus réputés du monde. Il fut aussi remarqué par le prestigieux label ECM sous lequel il enregistrera près de 40 albums.

En 1997, l’album Litania le propulsa en haut des palmarès mondiaux. C’était un hommage à Krzysztof Komeda, compositeur de musiques de films et pianiste de jazz polonais.

La fin de la première décennie du 21ème siècle marqua le début de la période new-yorkaise dans la vie du trompettiste. Son nouveau groupe Tomasz Stanko New York Quartet enchaîna les concerts dans des clubs mythiques. Birdland, Jazz Standard, Merking Hall s’en souviennent encore. Stanko disait que New York est le centre du monde contemporain, comme Babylone, Rome ou Alexandrie à leur époque.

Le festival de Bielsko-Biala

Stanko fut le premier lauréat du prix européen du jazz de l’Austrian Music Office en 2002. Il obtint le Prix du Musicien Européen de l‘Académie française du jazz en 2013. Il fonda en 2003 le festival Jazzowa Jesien à Bielsko-Biala, qu’il dirigea jusqu’à sa disparition en 2018. Ce festival se tient toujours vers la fin du mois de novembre.

En interview, Stanko faisait souvent référence aux ses inspirations. Il disait l’avoir héritée de la tradition rebelle des jazzmans noirs américains. Il exprimait sa fascination pour les artistes visionnaires rejetés par la société de leur époque, comme Van Gogh ou Modigliani.

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